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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 19:50

Recherches de bibliographie scientifique en ligne

 

     Bien entendu vous avez tous lu nos articles précédents sur la kinésithérapie basée sur les preuves. Du coup, vous savez maintenant pourquoi il est important de consacrer du temps à la lecture d’articles scientifiques, quels sont les différents types d’études et comment les exploiter. Mais vous devez vous demander faut-il chercher?

En France, nous avons tous déjà entendu parler de bases de données (BDD) telles que PubMed, Kinédoc et certainement PEDro. Mais comment utiliser ces bases de données? Et sont-elles suffisantes pour pratiquer la « kiné basée sur les preuves »? Dans ce nouvel article, nous faisons le tri des principales bases de données anglophones et francophone, et nous vous expliquerons brièvement comment les utiliser.

 

1.    Pubmed

 

     PubMed ou Medline est une base de données bibliographique en ligne développée par la U.S. National Library of Medicine. Elle est largement utilisée dans le monde entier pour plusieurs raisons: elle est libre, gratuite, facile à utiliser et elle recense une très grande quantité d’articles scientifiques tirés de revues triées de façon rigoureuse. Pour être clair, PubMed est une référence incontournable! Cependant, on peut facilement se perdre dans l’énorme quantité d’articles que contient la base de données et elle exclue beaucoup de revues spécialisées dans la physiothérapie et la rééducation en general, du fait de ses standards très exigeants.


PubMed Home

     PubMed propose une série de tutoriels pour apprendre à l’utiliser. Vous avez aussi accès à d’autres outils:

- MeSH Database (Medical Subject Headings) qui permet de trouver facilement des mots cles pour vos recherches. Ceci est intéressant pour les non-anglophones. En effet si vous n’êtes pas certain que votre mot corresponde à l’équivalent du terme medical français, vous pouvez le savoir avec cet outil. Prenons un exemple: vous souhaitez effectuer une recherche en lien avec la lombalgie, mais vous n’êtes pas sûr du terme à utiliser. Avec ceci, vous saurez alors que lombalgia ou encore lombar pain ne donneront aucun résultat. Mais low back pain correspond et PubMed vous fournit même une définition anglaise du terme.  De même si vous taper simplement “muscle”, la recherche vous affiche une liste d’expressions rattachées à ce mot très généraliste (ex. : muscle stretching exercise, muscle hypotonia...). C’est donc une véritable aide à votre recherche, pensez à l’utiliser.

- Limits permet d’affiner votre recherche en ne prenant en compte que les revues systématiques ou les essais cliniques par exemple, ou encore de les classer par langue, par tranche d’âge, par sexe...

- Clinical Queries est quant à lui un très bon allié pour la pratique fondée sur les preuves. Il permet de trouver facilement des articles par catégorie (pour un diagnostic, un traitement, un pronostic, etc.) et vous présente dans la fenêtre centrale les revues systématiques pouvant correspondre à votre recherche.

- Clinical Trials est la base de donnée des essais cliniques supporté par le gouvernement américain, qui offre les résultats et informations sur plus de 100000 études complétées ou en cours. Ceci intéresse plus directement les chercheurs.

     Enfin sachez que vous pouvez decider de n’afficher que les résultats où le texte est en libre accès, ce qui vous évite des frustrations. Pour ceux qui voudraient faire des recherches approfondies, attendez d’avoir un peu l’habitude de lire de la littérature scientifique avant d’acheter des articles (car avant achat on ne peut que lire l’abstract, ce qui n’est pas toujours évident pour décider si oui ou non le texte complet vous sera utile). Sinon sachez qu’il est admis de demander directement à l’auteur un exemplaire de son article (car ce que vous payez pour récupérer un article ne lui est en aucun cas destiné, mais va à la maison d’édition qui met la littérature à disposition).

 

2.    The Cochrane Library

 

     The Cochrane Library est une collection de 6 bases de données différentes. Certaines reprennent en grande partie le contenu de MEDLINE mais d’autres référencent des études menées par la Cochrane collaboration. C’est la raison pour laquelle il faudra impérativement faire un détour par Cochrane lors de vos recherches. D'ailleurs, la Cochrane collaboration propose des outils de très bonne qualité d'aide à la rédaction d'articles ou de revues. Tout comme PubMed, the Cochrane Library est gratuite et utilise le même système de mots-clés. Trois BDD parmis les 6 qu’elle offre sont vraiment importantes pour notre pratique de la kiné basée sur les preuves:

- Cochrane Database of Systematic Reviews (Cochrane Reviews) qui recense toutes les revues systématiques développées par the Cochrane Collaboration. Ce qui veut dire que ces revues sont toutes rigoureusement préparées et de bonne qualité.

- Cochrane Central Register of Control Trials (Clinical Trials) comprend des extraits d’essais contrôlés randomisés réalisés par des personnes ou organisations non-membres de Cochrane.

- Database of Abstracts of Review of Effects (Other Reviews) comprend des extraits de revues développées par des personnes ou organisations non-membres de Cochrane.


Cochrane Recherche     Les autres BDD traitent d’évaluations économiques ou de méthodes d’études entre autres. Ainsi, nous vous conseillons de faire une recherche avancée en ne sélectionnant que les bases citées ci-dessus. A noter que les revues publiées dans Cochrane Reviews sont menées par des groupes spécialisés, dont Cochrane Back review Group (groupe spécialisé dans les revues concernant le rachis) qui propose une traduction intégrale en français de ses revues depuis 2010. Malgré tout, le principal désavantage de Cochrane est le peu de revues existantes concernant le diagnostic, le pronostic, les étiologies, etc.

 

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3.    CINAHL

 

     CINHAL (Cumulative Index of Nursing and Allied Health Literature) est une base de données spécialisée dans le domaine paramédical. Elle propose les liens vers des articles de revues en ligne et indexe un grand nombre de livres spécialisés. La recherche par mots-clef ressemble à celle de PubMed mais, vous l’aurez compris, avec des termes plus adaptés aux professions paramédicales. Il est possible d’effectuer une recherche très approfondie et le site vous propose des suggestions automatiques de limites à votre recherche afin de la rendre plus rapide et précise. Au final, CINAHL est un bon complément à Pubmed car il référence des revues qui n’entrent pas dans les critères de Pubmed mais qui sont de bonne qualité. Cependant, l’accès est payant (même si vous pouvez obtenir une période d’essai gratuite) si vous ne travaillez pas dans une institution ou une université ne disposant pas déjà d’un accès à CINAHL. Il faut tout de même savoir qu’en général les bibliothèques de médecine sont abonnées à CINAHL (1).

 

4.    PEDro

 logo-pedro

 

     PEDro (Physiotherapy Evidence Database) est, comme son nom l’indique, une base de donnée orientée vers la kinésithérapie/physiothérapie. Elle est née de l’initiative du Centre for Evidence-Based Physiotherapy de Sidney (Australie), qui fait partie du George Institute for Global Health. En plus du fait qu’elle propose une version française de son site - inédit pour une BDD anglophone! - qui permet de comprendre parfaitement comment utiliser PEDro, elle possède sa propre échelle de niveau de preuve (échelle PEDro) pour évaluer les essais cliniques et les options de recherches sont mieux adaptées à la physiothérapie que les autres bases de données comme PubMed ou Cochrane, plus généralistes. Ainsi, vous avez la possibilité de chercher par approche thérapeutique (« Therapy »), par signe clinique (« Problem »), par région du corps (« Body Part ») ou encore par discipline (« Subdiscipline »). Cependant, il est impossible de limiter les recherches à un type de patient ou à une langue particulière et comme pour the Cochrane Library, vous n’y trouverez aucun article concernant le diagnostic, le pronostic, etc.

 

5.    Hooked on Evidence

 

     Un peu comme PEDro mais aux Etats-Unis, l’APTA (American Physical Therapy Association) a créé en 2002 Hooked on Evidence. Cette base de données de citations concernant l’efficacité des interventions en physiothérapie. Pour y apparaître, un article doit étudier au moins une intervention en physiothérapie, inclure au moins une mesure en rapport avec cette intervention et être publié dans un journal soumis à la revue par les pairs. De fait, son principal atout est qu’elle ne contient que des articles traitant de la physiothérapie. Par contre, il n’existe pas d’échelle telle que PEDro scale pour trier les études par niveau de preuve. Un autre de ses avantages est sa fonction « Clinical Scenarios » qui permet d’effectuer une recherche en fonction de scénarios cliniques prédéfinis. Malheureusement, le manque de scénarios différents atténue en partie son intérêt. Parmis les désavantages on peut aussi noter que l’accès à Hooked on Evidence est payant, même si son prix est relativement bas (100$ par an) et qu’elle ne contient que des essais cliniques et des revues systématiques.

 

6.    Kinedoc

 

     Kinédoc est à notre connaissance la seule base de données en kinésithérapie francophone. Elle est entièrement libre et gratuite. Son principal avantage est qu’elle recense toute la littérature francophone, qui n’est que très peu représentée dans le monde anglophone. De plus, Kinédoc fait partie des rares bases de données à mettre à disposition la littérature grise, c’est-à-dire non-publiée dans une revue scientifique (thèses, mémoires, actes de congrès...), dont une partie en téléchargement direct. Son interface est claire, la recherche avancée permet de limiter les résultats par type de document, par thème, par source et même par pays. Petite astuce : sachez qu’il est possible de sélectionner plusieurs sources ou pays dans les listes déroulantes en maintenant la touche ctrl (windows) ou cmd (mac) enfoncée. Cependant, comme Kinédoc se veut le plus exhaustif possible, les articles qui y sont référencés ne sont pas forcément d’un bon niveau et aucune échelle ne permet de discerner rapidement les bons des moins bons.


logoSite


7.    Guides de pratique et autres bases

 

     Lors d’un précédent article, nous avons décrit les guides de pratique clinique comme l’élément le plus avancé pour la transmission des connaissances. Vous pourrez en trouver sur certaines des BDD que nous avons cité jusqu’à maintenant. Mais avant de vous mettre à rechercher parmis celles-ci, vous pouvez allez faire un tour sur l’un des sites des sociétés savantes suivantes, qui donnent accès à de nombreux guides à destination des professionnels de santé :

- la Haute Autorité de Santé française (HAS) : bien que peu nombreux en kinésithérapie (une vingtène), ils sont gratuits et en français. D’autres domaines que la kinésithérapie peuvent être furetés (education thérapeutique, évaluation des pratiques...).

- le GIN (Guideline Internationnal Network) : ce réseau propose une base de donnée assez importante de guides de pratiques du monde entier.

- l’ACP (American College of Physicians) : le collège américain des praticiens propose également quelques guides intéressants, notamment un concernant les lombalgies.

 

     Concernant les bases de données, nous n’avons pas toutes citées, mais seulement celles qui nous semblaient les plus répandues et les plus adaptées à notre pratique. Nous ne voulions pas non plus vous noyer sous les informations. De plus, la plupart payantes et/ou réservées aux institutions (facultés, instituts, bibliothèques...) et donc plutôt réservées aux étudiants ou aux chercheurs. Mais si vous voulez aller un peu plus loin dans vos recherches, pour réaliser une revue de littérature, pour votre mémoire ou votre thèse par exemple, ou si vous voulez étendre votre panoplie de BDD en fonction de vos spécialités, d’autres BDD peuvent être importantes à consulter :

- Embase est la version européenne et payante de Pubmed. Elle recense une grande quantité d’articles tirés de revues européennes et d’ailleurs, ainsi que des livres et de la littérature grise.

- SPORTdiscus se révèle indispensable pour toute personne cherchant à réaliser une revue de la littérature ou travaillant dans le domaine... du sport! Cette base de donnée inclut des revues non répertoriées par Pubmed ou Embase.

- PsycINFO est l’équivalent de SPORTdiscuss dans le domaine de la psychologie.

 

Google Scholar     Enfin, pour compléter cette liste, vous pouvez aussi utiliser Google Scholar, mais nous vous conseillons surtout de l’utiliser en seconde intention, car il n’est pas vraiment adaté à une recherche rigoureuse. En effet, rien ne permet de dire si une recherche effectuée avec Google sera exhaustive et paradoxalement, vous risquez vite d’être noyé sous les résultats (à titre d’exemple, presque 50000 résultats pour la recherche « low back pain physical therapy guideline »). Malgré tout, il peut s’avérer utile pour trouver le lien vers un article complet que vous avez du mal à trouver, car il indique le lien du fichier .pdf ou .html en face des résultats correspondant à votre recherche.

 

8.    Résumé

 

     Au final, PubMed se révèle être un bon allié pour vos recherches d’articles. Mais seul, il ne permet pas de passer en revue l’ensemble des connaissances actuelles, notamment dans le domaine de la physiothérapie. Il faudra donc sélectionner parmi celles auxquelles vous avez accès (par votre institut, votre association, votre université ou vos propres moyens), la ou les bases de données qui vous permettront de vous mettre à jour au mieux. Sachez aussi que certaines associations et sociétés savantes comme la SFP (Société Française de Physiothérapie) ou l’APTA propose un accès gratuit à certaines bases de données (Hooked on Evidence dans ce cas) à ses adhérents.

 

Conclusion

 

     Nous arrivons au terme de notre premier dossier sur la kinésithérapie basée sur les preuves. Vous pouvez retrouver tous nos articles en navigant sur la catégorie "Kinésithérapie basée sur les preuves" du sommaire de notre blog. Nous vous proposerons bientôt d'autres articles pour compléter ce dossier, notamment un arbre décisionnel pour vous aider à trouver facilement des articles avec le meilleur niveau de preuve possible, un test des différents outils qui vous permettront de classer et de lire/traduire les articles que vous aurez trouvé et bien d'autres choses encore...

     Il faut garder en tête que beaucoup de domaines restent encore à explorer dans le monde de la recherche en physiothérapie et qu’il ne sera pas toujours possible de trouver des guides de pratique, des revues systématiques ou des essais contrôlés randomisés pour permettre de répondre à vos questions. Il faut donc vous reporter aux échelles d’Oxford ou de PEDro pour sélectionner les plus intéressants, sachant que vous n’allez pas rechercher le même type d’article selon que vous souhaitez connaitre l’efficacité d’un traitement, ou alors connaitre la validité d’un diagnostic différentiel (se reporter aux têtes de colonnes de l’échelle d’Oxford). Cependant, la validité individuelle des études est à prendre en compte. En effet, une bonne revue systématique de cohortes peut bien sûr se révéler plus « valable » qu’un essai contrôlé randomisé de qualité moyenne. Nous n’avons volontairement pas abordé cet aspect dans notre description, car notre but est de vous donner une piste de recherche plutôt qu’une recette de cuisine. Les échelles de PEDro et d’Oxford prennent en compte en partie la validité interne des études (d’où les « sous-niveaux » de preuve a, b et c dans l’échelle d’Oxford). Malgré tout, il est important de toujours garder un oeil critique et ne pas suivre aveuglément ces classements. Même s’il est difficile de juger une étude, en particulier lorsque l’on n’a jamais eu l’occasion d’en réaliser une, votre expérience clinique doit vous permettre de savoir si les résultats de ces recherches peuvent ou non s’appliquer à votre pratique pour l’améliorer.

 

[1] Elizabeth Domholdt(2005). Rehabilitation research : principles and applications, 3e éd.

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 18:43

Validité des études et outils de mesure

    Dans cette 3ème partie de notre dossier, nous allons essayer  de faire une brève introduction à la lecture critique. Il n’est pas toujours aisé de déterminer à quel point une étude est fiable, surtout quand on ne sait pas comment se déroule une recherche scientifique. Bien qu’il ne soit pas obligatoire d’être un expert dans ce domaine (prendre la peine de chercher dans la littérature scientifique des aides pour améliorer sa pratique, c’est déjà un grand pas !), la lecture d’article est tout de même facilitée dès lors que l’on identifie rapidement les différents critères influençant la fiabilité des résultats et leur portée possible au niveau clinique.


6a9fd9cae7170f3a08ff47baa7670896.jpgIl faut distinguer plusieurs choses :
1.     Il existe des échelles qui permettent de classer l’ensemble des études produites les unes par rapport aux autres en fonction de leur fiabilité scientifique, tout en gardant en tête que selon votre problématique de départ, l’étude avec le plus haut niveau de preuve ne sera pas forcément la plus adaptée.
2.     Pour chaque étude, il faudra également identifier le niveau de validité interne et externe.
3.     Il faudra également déterminer la qualité des outils de mesure utilisée, qui est d’ailleurs en lien direct avec la validité interne de l’étude en question.

1.   Les échelles de niveau de preuve

    Il existe plusieurs façons de classer la littérature scientifique, mais celle dont on nous  parle le plus est l’échelle d’Oxford (OCEBM Table of Evidence Working Group « The Oxford 2011 Table of Evidence »). Le CEBM, Centre for Evidence-Based Medicine d’Oxford, est un regroupement professionnel dont les buts sont de promouvoir, développer, et former à la pratique de la médecine basée sur les preuves les différents acteurs de la santé afin de maintenir le plus haut niveau de qualité de soins possible. Sur le site, www.cebm.net, on peut trouver différentes aides pour conduire une recherche, évaluer la qualité d’une étude, ainsi que des outils plus pointus pour les chercheurs aguerris, et des publications concernant les travaux de recherche au sein du CEBM (mais ce n’est en aucun cas une base de données).
Ils ont donc établi une échelle qui classifie de 1 à 5 les études, 1 étant le niveau de fiabilité le plus haut. Sur le site on peut voir qu’une deuxième version de l’échelle a été créée, encore « à l’essai », la première datant de 1998. Ils fournissent également les explications reliées aux différents termes employés et les raisons de ce classement en fonction des caractéristiques propres à chaque type d’étude. Beaucoup d’abréviations anglaises sont utilisées (ex. : SR = sytematic review = revue systématique), vous pouvez vous reporter à notre précédent article pour leur traduction française.

CEBM-accueil.jpg
    La base de données axée sur la physiothérapie, PEDro, a elle aussi mise en place une échelle comportant 11 critères d’évaluation, qui donne une note de 1 à 10, le plus haut niveau de preuve étant 10. Vous pouvez la télécharger sur le site (Cliquez ICI). Chaque paramètre évalué est clairement expliqué, ce qui permet de comprendre un peu plus les différents critères de validité d’une étude.

2.    Validité individuelle d'une étude

    Une fois la hiérarchie de ces études établie, il faut vérifier la validité individuelle des études. En effet, même si une étude possède un meilleur niveau de preuve qu'une autre, la manière dont elle est menée peut la rendre moins valide qu'une autre étude de niveau inférieur. Pour parler de cette validité, on utilise les termes de validité interne et validité externe.

Validité interne

La validité interne est la capacité d’une étude à répondre correctement et précisément à sa problématique (1). Pour cela, elle doit utiliser des moyens et des outils d’évaluation de qualité, c’est-à-dire reproductibles et adaptés aux patients, et répondre à certaines conditions :
•    Les patients recrutés doivent former une population suffisamment homogène, ou large pour éliminer l’effet des différences inter-individuelles pouvant avoir une influence sur les résultats.
•    Les évaluateurs doivent tous évaluer de la même manière les patients et apporter les mêmes traitements. Ils doivent donc être suffisamment formés.
•    Dans la mesure du possible, les patients et les intervenants doivent être traités ou agir “en aveugle”, c’est-à-dire que le patient ne sait pas lequel des deux traitements comparés il reçoit, ou/et que l’évaluateur ne sait pas à quel groupe le patient appartient. Lorsque ces deux conditions sont réunies, on dit que c’est une étude en double aveugle.
•    Le design expérimental est également important, à savoir l'ordre des évaluations et/ou des interventions, la présence d'un groupe contrôle, l'aspect prospectif ou retrospectif… puisque ce design définit le niveau de preuve.
•    La taille de l’échantillon de sujets influe sur la « puissance statistique » c’est-à-dire la capacité d’un test à détecter un effet significatif (1). Plus l’échantillon est grand, plus la fiabilité des résultats sera importante et plus ils seront généralisables à la population étudiée.

Validité externe

    La validité externe désigne la capacité d’une étude à pouvoir appliquer ses résultats sur le plan pratique à un maximum de personnes (2). C’est la question qui intéresse le plus les cliniciens.

The Difference in Moods by Slava Zone MINIPour le savoir il faut regarder où et comment sont recrutés les patients, quels sont les critères d’inclusion et d’exclusion... Une étude multicentrique (réalisée dans plusieurs établissements) aura ainsi une meilleure validité externe, car elle étudiera plusieurs populations issues de différentes zones géographiques, avec différents intervenants, différents groupes socio-culturels, différentes approches. La validité externe n'est importante que si la validité interne est bonne. Toutefois, cela est à pondérer avec le fait qu’une validité interne très importante, concernant l’homogénéité des sujets par exemple (même pathologie et antécédents comparables), ne pourra en conséquence pas forcément avoir une validité externe trop forte, car le nombre de patients pouvant bénéficier des applications de cette étude sera alors plus restreint.

3. Qualité des outils de mesure

    Comme nous venons de le préciser précédemment, la qualité des outils d’évaluation joue un rôle sur la qualité d’une étude, et notamment sur sa validité interne. Ce point est majeur autant pour les chercheurs qui obtiennent ces "données probantes" que pour les cliniciens, qui utilisent des outils d'évaluation clinique à longueur de journée. Avant d'utiliser une évaluation pour réaliser le bilan de son patient, il faut faire attention à plusieurs critères qui définissent les qualités psychométriques des outils de mesure (1):
- sa validité : la qualité qui indique que l'outil mesure bien la variable clinique recherchée. Alors que cette qualité est assez évidente pour un dynamomètre, qui mesure la force, ou un test de vitesse de marche sur 10 mètres, la question devient plus délicate pour l'évaluation de la qualité de vie, de la confiance en l'équilibre…
- sa fiabilité (ou fidélité) : c’est la capacité de l’outil d’évaluation à garder la même valeur si aucun changement n’est survenu chez une même personne entre deux moments différents (= fidélité intra-juge) et à garder la même valeur quelque soit l’évaluateur (=fidélité inter-juge). En clair, la mesure faite par cet outil est-elle reproductible ? Les erreurs peuvent être dues au sujet, à l’évaluateur, à l’instrument de mesure lui-même et/ou aux conditions environnementales lors de l’évaluation. Vous risquez de lire lors de vos recherches approfondies des termes tels que : erreur standard de mesure (SEM), intervalle de confiance, coefficient de corrélation intraclasse (ICC) ou encore scores de kappa (k) de Spearman’s et autres Pearson’s correlation. Tous ces mots un peu barbares sont des tests statistiques permettant de mesurer la fiabilité.
- sa sensibilité : c’est la capacité qu’a l’outil utilisé pour déceler un changement réel de la variable étudiée. Cela signifie qu’on veut que le plus petit changement possible mesurable soit décelable lors de la collecte de données. Elle est à différencier du « changement cliniquement significatif » qui représente la   « quantité » de changement nécessaire pour avoir un retentissement dans les activités de vie quotidienne.
Évidemment ces qualités sont inutiles si l'outil est mal utilisé, c'est-à-dire que son application n'est pas standardisée.

 

      Voilà tout pour cette troisième partie concernant la kinésithérapie basée sur les preuves. Nous espérons que toutes ces infos vous serons bien utiles. Pour toutes vos questions n'hésitez pas à commenter. Dans le prochain article vous retrouverez une liste des différentes base de données pour commencer vos recherches bibliographiques et les détails pour savoir comment les utiliser.


(1)    Dianne V. Jewell (2008). Guide to Evidence-based physical therapist pratice, 2e éd.
(2)    Elizabeth Domholdt (2005). Rehabilitation research : principles and applications, 3e éd.

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 03:05

Les différents types d’études

 

Avant sa parution dans un journal, un article scientifique est revu par des pairs, il sera donc d’un niveau correct si il est publié. Cependant, sa validité peut varier en fonction de beaucoup de facteurs (que l’on verra en partie dans le chapitre suivant). L’un de ces facteurs est la méthode de l’étude (ou design), c’est-à-dire la manière dont l’étude est menée. Selon le but de la recherche, une étude peu être soit expérimentale, et dans ce cas le chercheur peut manipuler le facteur étudié (intervention ou traitement), soit observationnelle ou non-expérimentale, et dans ce cas l’évaluateur ne fait qu’observer la réalité telle qu’elle se présente. Autrement dit, lorsque vous avez besoin d’informations concernant une intervention, vous devez orienter vos recherches vers des études expérimentales, et a contrario vers des études observationnelles pour des informations concernant le diagnostic ou les étiologies d’une pathologie. Pour la pratique courante, les études cliniques sont les plus utiles, et aussi les plus accessibles en termes de facilité de lecture et de compréhension.

 

1.      Etudes expérimentales

 

Avant de parler des essais cliniques, nous devons faire un point sur les études pilotes et les études préliminaires, qui représentent une catégorie à part entière mais que nous avons volontairement placé dans les études expérimentales, puisqu’elles comprennent un protocole expérimental.

 

·       Etudes pilotes ou préliminaires (Pilot Study)

 

La première chose qu’il faut garder en tête concernant les études pilotes, c’est que loin d’être des « sous-études », elles sont l’étape obligatoire dans le développement de “la science” (1). En effet, elles permettent de comprendre l’apparition d’un phénomène. Pour cela, il faut se mettre dans des conditions particulières afin de favoriser l’apparition de phénomènes particuliers. Les études pilotes comprennent peu de patients car l’acquisition des données est longue et leur traitement est fastidieux. Il faudrait beaucoup de temps et d’argent pour réaliser une étude pilote sur un grand nombre de sujets. Généralement elles étudient des phénomènes physiologiques, biomécaniques, mais plus rarement les effets directs d’une intervention. Pour vérifier leur efficacité, il faut alors réaliser des études cliniques. Ainsi, pour savoir si l’intervention que je veux proposer à mon patient est valable (ex: renforcement musculaire pour améliorer l’équilibre chez une personne âgée), je devrai me baser sur ce type d’étude, ou à défaut, sur le niveau de preuve le plus élevé disponible.

 

·      Etudes cliniques contrôlées randomisées (Random Controlled Trial)

 

Il s’agit d’une étude dans laquelle les sujets sont séparés en deux groupes très semblables. La différence se résumant dans la mesure du possible uniquement à l’intervention que l’on veut étudier, par rapport à un groupe contrôle (d’où essai contrôlé) qui sert de témoin. Un essai est randomisé si les sujets sont placés aléatoirement dans l’un ou l’autre des deux groupes. Ainsi, si un facteur quelconque peut modifier les résultats, il sera présent de la même façon dans les deux groupes et ne faussera pas l’analyse des résultats. Il est donc important de randomiser un nombre suffisant de sujets afin d’avoir les deux mêmes populations de départ (âge, poids, taille, antécédents, etc). Il faut bien faire attention lors de vos recherches à sélectionner une étude clinique dans laquelle la population étudiée est comparable ou généralisable à celle qui vous intéresse.

 

2.      Etudes non-expérimentales ou observationnelles

 

Une étude observationnelle est une étude dans laquelle on ne fait qu’observer les effets d’une exposition donnée ou de l’environnement, sur un sujet ou un groupe de sujets. Elle peut être prospective ou rétrospective.

Dans une étude prospective, on suit l’évolution de sujets à partir d’un moment précis et à qui on ne réalisera aucune intervention particulière en plus.

Dans une étude rétrospective, on prend un groupe de sujets à un moment donné et on analyse les informations cliniques antérieures, en lien avec l’apparition ou la disparition des éléments étudiés. Evidemment, le niveau de preuve d’une étude rétrospective est plus bas car on ne sait pas comment les évaluations ont été faites, ni si l’on a répertorié l’intégralité des antécédents. Cependant,  elles sont moins coûteuses et plus simples à mettre en place car on ne voit les sujets qu’une seule fois. Elles servent souvent de bases aux études prospectives.

 Ci-dessous sont présentés les différents design d’études observationnelles, classés du meilleur niveau de preuves au plus bas. Ce classement ne prend pas en compte la validité interne et externe, mais seulement la méthode proprement dite. Il ne suffit donc pas pour dire si une étude X sera meilleure qu’une étude Y, mais permet d’appréhender les principales différences entre toutes ces méthodes d’études et de comprendre en quoi l’une est meilleure qu’une autre.

 

·     Etude de cohortes (Cohort study)

 

On parle de cohorte pour désigner le suivi d’un groupe de sujets ayant des caractéristiques, un facteur pronostic ou un diagnostic commun. C’est une étude prospective dans laquelle deux groupes ou plus sont suivis, l’un ayant des caractéristiques ou un facteur pronostic que l’autre n’a pas (ex : étude sur la BPCO, fumeurs vs. non-fumeurs). Ainsi, une étude de cohorte va de la cause à l’effet et permet de mettre en évidence la relation entre une caractéristique ou un facteur pronostic, et les résultats de l’étude.

 

·     Etude cas-témoin (Case control study)

 

Dans ce type d’étude, on réalise un devis observationnel, dans lequel on étudie une personne ou un groupe de personnes présentant une pathologie ou un centre d'intérêt, et on remonte dans leurs antécédents pour essayer de déterminer ce qui a pu causer le problème, en comparaison avec un groupe ne présentant pas ce problème. Contrairement à une étude de cohorte, elle va de l’effet à la cause. Le niveau de preuve d’une étude cas-témoin est bas. En effet, rien ne garantie l’exactitude, la précision ou encore la qualité des évaluations ayant permis l’obtention des données référencées, du fait qu’elles ont été effectuées par différents praticiens avec différentes méthodes, plus ou moins fiables et non standardisées comme dans une étude clinique.

 

·     Série de cas (Case-series study)

 

Dans ce type d’étude, on présente plusieurs cas intéressants et comparables. Les observations étant faites sur plusieurs sujets, elles ont plus de poids qu’un simple rapport de cas. On les distingue des études cas-témoin par le fait qu’il n’y a pas de comparaison à un groupe témoin ou un autre groupe de cas.

 

·      Rapport de cas (Case report)

 

Dans un rapport de cas, on fait la description d’un cas inhabituel et intéressant. Seul, il ne permet pas de prouver l’efficacité d’une technique ou l’importance d’un facteur de risque, mais il peut être une piste de réflexion pour des études futures avec un meilleur niveau de preuve.

 

·     Opinion d’expert

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une étude, mais plutôt d’un avis. L’opinion seule d’un expert lorsqu’il s’appuie sur la base de sa propre expérience, de la physiologie ou de la recherche en laboratoire ne constitue pas une preuve scientifique solide. Il s’agit du plus bas niveau de preuve, derrière tous les types d’études cités précédemment.

 

3.      Etudes secondaires

 

Par opposition aux études primaires, on distingue les études secondaires. Il y en a 2 grands types : les revues systématiques et les guides pratiques. Les études secondaires, comme leur nom ne l’indiquent pas, doivent être préférées aux études primaires, car elles sont en fait le fruit de la compilation des données obtenues par toute les données primaires d’un sujet donné, c’est-à-dire des rapports d’études originales et revues par les pairs, des thèses, ou encore des rapports de conférences. Dans le cas ou aucune étude secondaire n’existe sur le sujet que vous recherchez, vous devrez alors vous appuyer sur les études primaires avec le meilleur niveau de preuve que vous puissiez trouver.

 

·    Revue systématique et méta-analyse

 

Il s’agit de la revue bibliographique de tous les articles qui ont été publiés à propos d’un sujet donné (ex: l’amélioration de la vitesse de marche chez les blessés médullaires).  En général, deux personnes ou plus participent à cette recherche. Ils vont déterminer une stratégie de recherche et passer en revue plusieurs bases de données pour référencer tous les articles et écrits scientifiques traitant ce sujet. Ils vont lire les titres, les résumés et éventuellement les articles au complet pour savoir quels sont ceux qui vont les aider à répondre à leur problématique. Cela inclue les actes de congrès et il se peut qu’ils aient à contacter directement les auteurs afin d’avoir des précisions sur un article. De la même manière qu’il y a des critères d’inclusion et d’exclusion pour trouver des patients pouvant participer à une étude, il existe des critères d’inclusion et d’exclusion dans la revue systématique qui concernent les données importantes pour cette étude, comme le type d'intervention, ou les variables étudiées. Une fois sélectionnées, la qualité des études (validité interne) est évaluée par les auteurs afin de nuancer les résultats de chaque étude dans l'interprétation des données. En d’autres mots, une mauvaise étude ne sera pas prise en compte de la même façon qu'une bonne étude. Si leurs résultats à propos d’un outil ou d’une intervention aboutissent à des conclusions précises, intéressantes et fiables scientifiquement parlant, on peut en conclure que cet outil sera le plus efficace.

Une revue systématique peut ou non comprendre une méta-analyse. Une méta-analyse est une analyse statistique des résultats obtenus dans l’ensemble des études collectées lors d’une revue systématique (en somme, des statistiques de statistiques!). Le regroupement des sujets de plusieurs études permet d’homogénéiser les résultats et d’augmenter leur validité externe. En effet, si ces études sont réalisées dans des lieux différents et avec des populations différentes et qu’elles conduisent aux mêmes résultats, cela prouve que l’outil évalué peut être généralisé à des populations variées en termes de sexe, d’âge, de conditions physiques, de localisation...

Le plus gros inconvénient des revues systématiques est le risque de biais de publication : les résultats positifs étant plus faciles à publier, l'effet d'une intervention peut être surestimé, puisque les études obtenant des résultats défavorables ont moins de chance d'être publiées et donc d’être intégrées aux analyses. De même, les études présentant des résultats négatifs ont tendance à être moins citées par les auteurs d’articles traitant du même sujet (http://rms.medhyg.ch/numero-250-page-1094.htm).

 

·     Guide de pratique clinique

 

Un groupe d’experts peut générer un guide de pratique sur la base d'une ou plusieurs revues systématiques/méta-analyses des publications concernant un sujet donné. Le guide ainsi obtenu permet de donner des pistes de traitement en fonction de différents critères (caractéristiques des patients, type de pathologie, chronicité, antécédents…). Les experts prennent position en s'appuyant sur les conclusions des revues systématiques pour hiérarchiser le choix des interventions, en conseillant telle évaluation et telle intervention selon tel critère. Il s’agit donc de l’outil le plus avancé dans le transfert des connaissances car il permet d’appliquer les résultats de la recherche à la clinique et de les rendre directement lisibles et applicables pour les praticiens. Ainsi, certains considèrent le guide comme le plus haut niveau de preuve avec les revues systématiques puisqu’il s’appuie sur ces dernières.

 

1. Sackett DL, Rosenberg WM, Gray JA, Haynes RB, Richardson WS. Evidence based medicine : what it is and what it isn’t. British, Medical Journal, 1996 ;312:71-2. (Cet article est consultable gratuitement sur medline).

 

Elizabeth Domholdt (2005). Rehabilitation research : principles and applications, 3e éd.

 

Dianne V. Jewell (2008). Guide to Evidence-based physical therapist pratice, 2e éd.

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 21:45

Introduction

 

Notre volonté de partir faire un stage au Québec était avant tout motivée par le fait que les physiothérapeutes avaient un accès facilité à la recherche, contrairement à la France. Le but premier de notre stage était donc de découvrir comment se déroulait ce processus dans le domaine de la kinésithérapie, et aussi comment l’intégrer à notre pratique courante en France par la suite. En effet, peu de kinés peuvent se vanter d’avoir suivi des cours suffisamment avancés leurs permettant de lire et d’analyser correctement des articles scientifiques, et sans doute que ceux ayant suivi des cours donnés par des professeurs-chercheurs sont encore moins nombreux. Si l’on rajoute à cela le fait qu’une recherche, quel que soit le domaine peut être chronophage, que les articles ne sont pas toujours disponibles gratuitement (encore faut-il savoir où chercher!), et qu’en plus, il faut comprendre l’anglais scientifique, là on ne s’en sort plus !

  Les-experts-EBM-copie-1.jpg

Pour l’anglais, nous ne pouvons pas faire grand-chose, mais pour le reste nous allons essayer de clarifier quelques points, tout en gardant en tête que loin d’être des pros de la recherche (il aurait fallu pour cela faire une maîtrise et conduire un projet de A à Z) nous pouvons peut-être donner quelques éléments qui permettraient à certains d’y voir plus clair dans ce vaste monde physio-anglo-numérique. Le domaine des connaissances médicales et para-médicales est en perpétuelle évolution, et paradoxalement certains semblent croire que les acquis obtenus durant les études le resteront pendant toute leur vie professionnelle. C’est certes confortable, mais totalement illusoire et dénué d’intérêt, tant sur le plan professionnel que personnel. Nous espérons donc que cet article, surfant sur la vague des étudiants et nouveaux kinés de plus en plus avides de connaissances éclairées, pourront en aider certains à mener à bien leurs investigations. Nous allons le publier en plusieurs parties, où chacune d’entre elles tentera d’apporter un maximum d’informations sur des points précis directement reliés au processus de  transfert et d’échange des connaissances  (knowledge transfer) entre les différents acteurs de la recherche et de la pratique clinique [1].


Mais pour commencer, pourquoi est-il nécessaire de s’intéresser à la littérature scientifique?

 

L'evidence based medicine, c'est quoi?

 

L’evidence based medicine (EBM) ou médecine basée sur les preuves, est un principe apparu il y a déjà longtemps, mais dont l’évolution réelle est récente [1]. Elle désigne le concept selon lequel on doit, pour appliquer le meilleur traitement possible et le plus adapté à son patient, allier à la fois son expérience professionnelle en tant que clinicien, les données apportées par la littérature scientifique, et les préférences du patient [1];[2].  


Cette démarche intellectuelle et réfléchie nécessite donc de prendre le temps de rechercher les données en lien avec notre problématique, et de penser à l’application clinique possible dans la pratique quotidienne. Bien entendu il n’est pas possible de tout savoir sur les dernières avancées concernant l’ensemble des pathologies  que l’on suit, mais il est essentiel de consacrer un peu de temps à explorer la littérature scientifique dans les domaines qui éveillent le plus votre curiosité, ou qui concernent une grande partie de votre patientèle, par exemple. Cela permet de se maintenir informé sur les dernières « découvertes », les façons de pratiquer qui sont sans cesse modifiées, voire totalement remises en question, de ce qui est actuellement préconisé pour telle ou telle pathologie, et ainsi de suite, tout cela vous permettant d’assurer les meilleurs soins possible à votre patient. Cette démarche fait donc partie intégrante d’une bonne pratique professionnelle. Mais il faut se concentrer sur ce qui nous intéresse le plus, trop se disperser rendrait toute tentative contre-productive. En effet énormément de publications paraissent tous les jours (même si il y en a moins dans le domaine de la physiothérapie que le domaine médical), et il n’est pas réalisable de se tenir au courant de toutes les recherches en cours, à moins peut-être d’y consacrer tout son temps!


En partant de ce constat, il faut donc savoir cibler les domaines dans lesquels le besoin d’étendre ses connaissances est le plus grand, et à force d’appliquer cette démarche, celle-ci devient plus rapide, systématique et naturelle. Le tout est de commencer. Bien sûr, une fois ces connaissances acquises, seule votre expérience et les besoins de votre patient vous permettront de les mettre en application de la meilleure façon possible :


EBM.png   texte -EBM 

Il faut normalement s’appuyer sur le plus haut niveau de preuve possible,  et si cela n’est pas possible, sur l’évidence scientifique la mieux reliée au sujet qui nous intéresse, d’où l’importance de l’expertise du thérapeute.

Une fois cela accepté, il reste à savoir comment chercher, et surtout quoi? Tout le monde s’accorde pour dire que le plus haut niveau de preuve que l’on peut trouver dans la littérature réside dans les études systématiques avec méta-analyses. Bien entendu il n’est pas toujours possible d’en trouver selon le domaine choisi, et en fonction de notre problématique, d’autres types d’études peuvent suffire.

Dans la partie suivante, nous nous intéresserons donc aux différents types d’études recensées dans la littérature scientifique, quelles sont les informations qu’elles apportent et comment les utiliser, si cela est possible, dans la pratique quotidienne, ainsi que leur niveau de preuve. Par la suite, nous verrons quelles sont les bases de données ainsi que les différents outils d’aide à votre disposition pour effectuer une recherche. 

 

Références : 

1. Sackett DL, Rosenberg WM, Gray JA, Haynes RB, Richardson WS. Evidence based medicine : what it is and what it isn’t. British, Medical Journal, 1996 ;312:71-2. (Cet article est consultable gratuitement sur medline). 

2. Duclos C., les difficultés du transfert des connaissances scientifiques à la pratique clinique: Exemple de l’utilisation des vibrations musculaires en rééducation, kinésithérapie la revue, Juillet 2010, Pages 49-54.

 

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